Participation aux explos du CalernaĂĽm

Date
28 mars 2022

Durée
17h

Type de sortie
Classique
Département
Alpes Maritimes (06)

Massif
Préalpes de Castellane

Commune
Caussols

Photos







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Descriptif / Compte-rendu
Participants : Lucas S (Sophitaupes), Manon P (Sophitaupes), Romain (Garragahl)

Profitant d’un séjour en famille dans le coin, je réponds positivement et avec beaucoup de plaisir à la proposition de Lucas de participer à une sortie qui est prévue pour être longue au Calernaüm.

Comme à chaque fois avant une sortie spéléo dans le coin, je dors mal. Réveil à 07h00, petit-déjeuner et départ à 08h00 pour honorer le rendez-vous au parking de l’observatoire de Caussols à 08h30.
Après 20 min de route j’arrive sur le parking où une voiture avec un passager que je ne connais pas patiente, message de Lucas « on aura 15 min de retard », ça commence bien !

A l’arrivée des Luluchatons (Lucas et Manon), je fais connaissance avec mon voisin de parking, Romain du club Garragahl qui participe à la sortie avec nous.

On se change et on part en direction du trou. La marche d’approche n’est pas compliquée, on suit le sentier sous le vent pendant 20 minutes jusqu’à arriver à une doline dont le fond est tapissé de pierres qui forment une sorte de panneau sens interdit (ce qui explique l’autre nom de la cavité, « l’aven du sens interdit »). L’entrée de l’aven est un petit trou à mi-pente de la doline.

Entrée sous terre à 09h30, on commence à descendre les puits, on passe un pendule pour se faufiler dans un boyau suivi d’une vire remontante assez pénible (apparemment bientôt équipée de fer à béton pour avoir des prises pour les pieds), puis les puits s’enchainent. Sur la topo on aurait pu croire que la descente de 200 m de puits serait impressionnante, mais non. Les puits sont assez étroits pour que la sensation de verticalité soit complètement absente.

Arrivée en bas des puits à 10h30, j’enlève ma polaire qui était visiblement de trop et on se dirige vers le réseau I. Les galeries ne sont pour le moment ni de taille impressionnantes, ni joliment concrétionnées (ça c’est plutôt les réseau II et III apparemment, il faudra revenir). On avance bien mais je traine des pieds, j’ai mal dormi et je bougonne car Lucas nous avait promis de la grande galerie où je n’aurai pas dû avoir à me baisser. Pour le moment la progression se fait au milieu des marnes vertes ce qui rend les prises un peu glissantes et moins solides.

On passe par la Galerie du Dolmen oĂą une escalade des Luluchatons est en cours.

On arrive à la Salle des Magots, une grande salle d’effondrement, à 12h00 où nous ferons une courte pause, pour le moment personne n’a vraiment faim et on a encore du chemin à faire pour atteindre notre objectif. La sortie de la salle se fait par une sorte d’éboulis de schiste/calcaire dans une faille où l’on descend en marchant à 45°, on arrive ensuite dans une trémie au bas de laquelle on retrouve le ruisseau. Un balisage existe mais il faut avoir les yeux bien ouverts pour ne pas le louper tant à l’aller qu’au retour.

C’est à partir de la Galerie des Druides que je trouve que l’aven commence à être beau. Cette galerie est par endroit recouverte de petites concrétions et est assez agréable à parcourir. Un petit puits équipé lors d’une sortie précédente permet de shunter un ressaut à désescalader. La Galerie des Druides finit par un passage remontant puis par un plateau donnant sur le Toboggan. Sur ce plateau, 2 lucarnes s’ouvrent sur un puits, qui d’après ce qu’on me dit n’aurait jamais été descendu (c’est dur à croire quand on le voit en plein milieu du chemin).

Romain rééquipe les amarrages de la corde du Toboggan sous les conseils de Lucas pendant que Manon et moi préparons les Bilborupts et posons le premier. Le choix de le poser ici peut sembler curieux, mais nous décidons de le faire tout de même, conforté par la présence de glaise, de sapins d’argile et par l’absence de traces de pas dans certaines zones où quelqu’un s’était forcément aventuré (présence d’un spit en hauteur).

Les Bilborupts sont des dispositifs de conception assez rudimentaire permettant de visualiser la mise en charge ou non d’une galerie. Ils sont constitués (dans le cas présent) d’un fer à béton sur lequel est fixé à 2 hauteurs différentes des sections de tubes PVC dans lesquels sont placés des bouchons en liège retenu par une ficelle. Les bouchons restent en l’absence de crue logés dans les sections de tubes PVC car ils sont retenus par un croisillon de fil de fer au fond. Lorsque l’eau monte, elle remplit les tube PVC par le fond, les bouchons en liège flottent et sont emporté en dehors de leur logement par le courant. Lorsque l’eau se retire, les bouchons se retrouvent pendus par la ficelle en dehors de leur logement. Leur nom vient du fait que l’utilisation de ce genre d’équipement s’est développé au Rupt-du-Puits.

Le Toboggan porte effectivement bien son nom, c’est un plan incliné glaiseux où il est compliqué de trouver des appuis sûrs. Il débouche sur 2 petits ressaut surplombés d’une belle méduse. Après une rapide progression on se retrouve à notre premier véritable objectif, les Mounta-Cala !

Mounta-Cala en niçois signifie « montée-descente », c’est un beau résumé de ce qui nous attends pour la suite puisqu’on passera de -422 à l’entrée des Mounta Cala à -383 à leur sortie en enchainant les escalades et puits de +/- 20 m.

Pendant que les Luluchatons partent à l’assaut de l’escalade de 28 m qui avait été ré-équipée lors de la dernière sortie, Romain et moi faisons notre pause déjeuner et posons un Bilborupt, il est 14h30.

On laisse une demi brosse en plastique en bas de l’escalade après s’être décrotté pour ne pas pourrir les cordes et on part rejoindra les Luluchatons au sommet de l’escalade de 18 m qui suit celle de 28 m. C’est ici que Manon recommencera à faire parler le perfo pour renouveler l’équipement. Quelle joie de pouvoir se délester des maillons et plaquettes inox qui pesaient depuis le départ ! On en profitera pour continuer à poser des Bilborupts à des endroits que nous jugeons pertinents, il est 15h.

Les Mounta Cala n’ont pas volé leur nom, on enchaine les montées-descentes parfois ré-équipée, parfois en libre. Certains obstacles nous frustrent même, comme cette montée-descente pour avancer de 10 m alors que le ruisseau trouve son chemin dans une faille de 10cm de large.

Le ré-équipement de cette zone nous laisse l’occasion de profiter du paysage, et ça en vaut la peine. Il y a un fort contraste entre les seuils blafards qui sont régulièrement lessivés et l’argile qui s’accumule au fond. On observe des concrétions que je n’avais jamais vues, des sortes de coupoles inversées noires qui se forment sur le mondmilch. De nombreux départs en plafond sont visibles, il y a de quoi s’amuser pour qui serait tenté de faire ces escalades. En arrivant sur la fin des Mounta Cala on passe dans un grand Gour percé.

On sait qu’il y a longtemps que personne n’était venu dans le secteur, mais on aura la surprise de ne voir aucune trace de pas dans l’argile. Ce qui montre que la galerie est bien active et qu’il est même possible qu’elle s’ennoie de temps à autres.

Les Mounta Cala finissent par un T10 suivi d’un R4 où nous n’avons plus que la corde d’intervention de Lucas pour doubler la corde en place vieille d’une trentaine d’année.
Heureusement qu’ici les prises sont bonnes et que même si le grand volume dans lequel on débouche au carrefour entre les Mounta Cala, le Puits JB et la Galerie des Cônes est impressionnant, on ne sera pas inquiétés.

Arrivés à la Galerie des Cônes vers 18h, objectif ultime de notre sortie, je suis étonné de voir cette galerie creusée dans l’argile (ou complètement recouverte d’argile). On observe de nombreux soutirages au fond, formants des entonnoirs de plusieurs mètres de diamètres. On doute de pouvoir descendre en sécurité sans corde, mais il s’avère que les parois qui semblaient plutôt solides sont en fait également constituées d’argile et qu’il n’est pas possible de placer des amarrages. Vu que mon gabarit est plus imposant que celui des autres, je renonce à descendre dans le premier entonnoir et à parcourir quelques mètres dans la Galerie des Cônes pour servir d’amarrage humain aux autres s’ils en ont besoin.

Finalement personne ne rencontrera de problème pour descendre ni pour remonter et nous ferons demi-tour à 19h15. La corde d’intervention de Lucas est déséquipée, et nous partons devant avec Romain tandis que les Luluchatons suivent un peu derrière. Je profiterai de l’avance pour défaire les nœuds des anciennes cordes que nous avons remplacées pour les lover en vue de leur réutilisation future en balisage ou corde à nœuds et surtout pour pouvoir récupérer les plaquettes et maillons qui étaient dessus. Après nettoyage et inspection par Lucas, certains pourront resservir.

A la sortie des Mounta Cala nous ferons une pause répartition des kits entre 19h50 et 20h00, on laissera un peu de matériel sur place pour les futures explorations dont une massette que l’on ets content de pouvoir laisser derrière nous.

Nous sommes tellement boueux que lors des dernières remontées des Mounta Cala je suis obligé de fermer mon Basic et mon Croll à la main à chaque mouvement.

A la descente de l’escalade de 28 m, je regarde avec attention un goujon dont Lucas m’avait parlé, il bouge effectivement. Il sera retiré à la prochaine sortie et remplacé par un amarrage plus sûr.

Nous remontons le Toboggan en essayant de se salir le moins possible puis la Galerie des Druides dans laquelle l’écart se creuse un peu entre le binôme de tête constitué de Romain et moi et les Luluchatons.

Arrivés dans la trémie qui est sous la Salle des Magots, on pense reconnaitre le chemin et on s’engage dans un plan incliné bien marqué par le passage de spéléo pour se retrouver dans une jolie salle concrétionnées cachée entre les blocs. Cette salle ne nous dit rien, mais bon, on l’a peut-être oubliée, on cherche un peu et on trouve un cairn, on suit le balisage et on se retrouve … en bas du plan incliné que l’on vient de grimper ! Je me disais bien que le ruisseau ne coulait pas dans le bon sens !

On est rejoint à ce moment par les Luluchatons qui nous montrent le bon chemin puis on remonte par le passage désagréable de la faille remplie d’éboulis pourris où l’on progresse à 45°. La fatigue commence à se faire sentir pour tous mais de manière plus marquées pour certains.

Arrivés à la Salle des Magots à 23h30, on fera une courte pause pour prendre le repas du soir. J’en profiterai pour faire l’article de mon beau poncho et pour convaincre de son utilité puisqu’en moins de 5 minutes j’en suis recouvert avec une bougie pour me réchauffer.

On réorganise les kits puis on part en direction des puits. Romain commence à remonter le Puits Goliath à 01h15 tandis que les Luluchatons finissent d’arriver.

J’estime à la louche que l’on devrait mettre 1h pour remonter 100 m de puits et je me lance derrière Romain. On restera à proximité toute la remontée sans que je ne le rattrape mais on distancera assez rapidement les Luluchatons. Lors de la remontée on s’arrêtera tout de même deux fois entre 5 et 10 minutes pour s’assurer que l’on entend toujours l’équipe de derrière.

On sortira entre 03h30 et 04h15 de la nouvelle heure (puisque oui, le changement d’heure s’est fait dans les puits), 02h30 et 03h00 selon l’ancienne heure. Nous n’aurons mis qu’un peu plus d’une heure à remonter les 200 m de puits, mon estimation n’était vraiment pas bonne.

Par acquis de conscience je mets un mot sur la conversation familiale pour leur dire que tout va bien, je suis surpris de recevoir une réponse instantanée à la fois de ma mère et de ma sœur : « T’en es où ? Magnes-toi il y a un incendie au col du Pilon et apparemment il vient vers vous ! ». Pour le moment ni odeur de fumée, ni lueurs qui pourraient faire penser que le feu est proche, mais on se prépare à peut-être devoir faire un détour en voiture pour le trajet du retour.

Le temps de revenir Ă  la voiture, de se changer de discuter un peu, on partira du parking Ă  05h00 de la nouvelle heure, pour finir au lit Ă  6h00.

Sur le chemin du retour, fatigué par la sortie, un peu stressé par cette histoire d’incendie et ne conduisant pas souvent, je roule plein phare à 40 km/h. Je croiserai tout de même les pompiers et un renard puis plus tard, plus proche de la ville un gros blaireau au volant de sa voiture. De l’incendie je ne verrai qu’un peu de fumée et une vague odeur de bois brûlé, j’ai de la chance que la route ne passe pas au mauvais endroit.

Le lendemain ce sera courbatures et mal au crâne pour tout le monde, il est très possible que nous n’ayons pas bu suffisamment.

En bref, une bien chouette sortie, longue et physique comme je n’en fais que trop rarement.

TPST :17h





Participants

Arthur P.

Commentaires

Commentaire posté par JPC le 29/09/2022
Merci de cette description détaillée. Ce n'est pas tout à fait comme la légende le laisse penser !...
J'ai pas dit plus facile ou moins étroit. Juste différent.
Ce n'est plus dans mes cordes mais bravo Ă  vous !